Forcément : quand je suis préoccupée par quelquechose, il m’est difficile de me concentrer sur ce que j’ai à penser et à faire. Ce d’autant plus que je me sens en insécurité, c’est-à-dire que mon intégrité psychique ou physique est potentiellement menacée.
Le sentiment d’insécurité n’est pas strictement lié à un danger visible, concret et immédiat, mais peut-être insidueux et abstrait, et donc tout aussi réel. Il est d’autant plus « consistant » et envahissant qu’il se prolonge dans le temps.
Si je ne m’en occupe pas, si je ne cherche pas à trouver ce qui en est la cause, l’inquiétude sourde m’empêchera de faire mon travail correctement. Je serais là, en poste, présente mais l’esprit ailleurs, désengagée de mon activité, démotivée à la longue. Démotivée par le fait de ne pouvoir reprendre le dessus sur ce que je fais car prise par mon stress, insatisfaite du travail réalisé, peu efficace. Et là, sympa de rentrer le soir à la maison dans cet état là, et plus encore de me lever le matin et savoir ce que je vais retrouver au travail…
Tendue, j’y serai donc présente physiquement sans l’être totalement psychologiquement. Réel inconfort pour moi, cela me coûte beaucoup en énergie, je suis en « burn in » (je ne dors pas si bien la nuit, en tout cas ne me repose pas), mais cela coûte aussi beaucoup à mon entreprise. Bien plus que si je m’absentais…
A qui le dire ? A mes pairs, mon délégué du personnel, mon patron ? Pas seulement. Un psychologue du travail fait aussi le lien entre les professionnels d’une organisation qui n’échangent pas assez correctement pour comprendre, et ainsi trouver de quoi rétablir un fonctionnement plus fluide.
Emmanuelle PERRIER