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Le sens de la reconnaissance

« Je ne m’y retrouve pas, je ne me reconnais pas dans ce que je fais, c’est pas moi ça ! »… Qui n’a jamais dit ou entendu pareille phrase, et vu dans quel état est celui qui parle ? Déboussolé oui !

En dehors des relations inter-personnelles au travail, il est une dimension trop rarement évoquée et pourtant vitale : la relation à soi-même. Celle-ci est aussi affaire de reconnaissance. Reconnaissance de soi par soi, parce qu’on s’utilise au travail, on y met son corps, sa tête, ses affects. Énergie, valeurs, croyances propres, tout ceci concourt à la réalisation de ce qu’il y a à faire ! Tant que le contrat peut se jouer, que l’on réussit à travailler correctement, alors le sentiment de satisfaction du travail accompli est là !

Dans le cas contraire, je pointe du doigt ce que nous connaissons bien en psy du travail : le conflit de critères sur la qualité du travail. Car les critères de qualité des gestionnaires qui commandent le travail à faire, et de ceux qui sont au charbon, ne sont pas toujours en phase… Exemples :

– Ne plus être en mesure d’établir une relation de confiance avec un client à cause d’une augmentation imposée des volumes de ventes, attaque la qualité du service à la vente.

– Ne plus avoir le temps d’écouter son patient à cause d’une surcharge de tâches par manque de personnel, attaque la qualité des soins et des relations.

– Passer de l’utilisation d’une matière noble à une matière de moindre coût dans la confection d’un produit, attaque la qualité de celui ci…

Autant d’images illustrant la dégradation du rapport à son travail. Qu’il s’agisse d’un conflit de critères de qualité, ou d’un conflit d’éthique en agissant contre ses convictions, les gestes et les valeurs du métier sont directement abîmés. Car le travail fonctionne comme un miroir, et renvoie un reflet valorisant lorsqu’on réussit à faire du bon boulot… ou pas, dans le cas contraire !

Patrons, comment se voient vos employés ? Car les conséquences néfastes sont manifestes. Être ainsi empêchée, manquer de marge de manœuvre alors que l’on aime viscéralement son métier, fait perdre le sens du travail et désengage vis à vis de l’entreprise. C’est comme s’il y avait une lutte dans la tête : on veut faire bien mais on ne peut pas. Une lutte dans le cœur aussi : on aime son métier mais on n’a plus la main pour le faire dans les règles. En psy on dit « être en dissonance » quand on vit une telle opposition psychique. Et ça épuise.

C’est ainsi qu’en consultation en psychologie ou en médecine, les décompensations psychiques les plus remarquables sont souvent constatées chez les personnes ayant une éthique et une conscience professionnelles fortes, et reconnues comme étant des modèles par leur pairs. Et oui, oubliez donc toutes ces balivernes qui disent que ce sont les sujets « fragiles » qui craquent les premiers ! Et gardez bien en tête que derrière une revendication de non-reconnaissance, se cache finalement bien des subtilités. Les percevoir marque le début d’une voie de solution possible.

Emmanuelle PERRIER

Pour aller plus loin…


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11 Commentaires

Classé dans Psychologie

Suicide & travail dans la police

Ce sont essentiellement les « meilleurs éléments », ceux qui font leur travail dans les règles de l’art, qui sont aussi les plus exposés au mal-être lorsque les critères de qualité dans l’exercice des fonctions sont revus à la baisse. Comme dans cet exemple, passer d’une logique de service à une logique économique transforme les valeurs en profondeur.
On ne se reconnait plus alors dans ce que l’on fait, et ce manque de reconnaissance de soi par soi empêche en tout premier lieu le plaisir au travail, la fierté qu’on en retire. On ne fait plus du « bon boulot », cela démotive.
De plus, cela entrave de fait, l’élaboration de l’identité professionnelle puisque l’on est dans un conflit éthique avec son activité, alors même que l’on aime son métier : on voudrait pouvoir l’exercer autrement et mieux, mais on ne peut pas !
Les personnes ayant une très grande conscience professionnelle restent des sentinelles essentielles pour la préservation du « bon boulot ».
Ce suicide intervient alors même qu’une enquête de 8 mois menée par le CNRS de Toulouse sur le management et les conditions de travail, vient d’être lancée dans la police.

Article source

Emmanuelle PERRIER

Extrait de ma curation Stress et Travail.

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Epuisement professionnel : entre burn out et burn in


« L’épuisement professionnel » dit aussi classiquement « burn out » a dans cet
article 3 visages :

– Je suis frénétique, dans un rythme fou de suractivité, d’intensification de mon travail. Pour tenter de palier tout ça, je développe polyvalence et réactivité. Cool pour ma prochaine évaluation, mais bon, ouf, je n’en peux plus quand même, faudrait pas que ça dure !
– Je suis dans un état où je ne conteste plus. D’ailleurs, pourquoi faire ? Mon travail n’ennuie, ne m’intéresse plus. J’y viens mais je ne me sens pas impliquée du tout par la question. Je suis mal, mais je n’ai plus envie de lutter…
– Usée, je préfère rester à l’écart, tranquille. De toute façon, on ne me voit plus au travail. Et on voit encore moins ce que je fais. J’apprécierais volontiers un minimum de retour mais bon, faut pas rêver…

Ces 3 états psychologiques délétères au travail sont bien sûr le résultat de facteurs multiples et variés non exhaustivement décrits ici.
Néanmoins, leurs conséquences font toutefois courir un risque réel et concret à l’entreprise.
3 santés sont ici en jeu : la santé psychologique et physique du professionnel d’abord, puis celle économique de l’entreprise à laquelle il appartient.
Car si l’hyper-activité offre une « production personnelle » satisfaisante à première vue, il n’est pas écrit que cela dure longtemps… le corps a ses limites. De même pour les 2 autres visages où la situation peut rappeler celle du présentéisme, qui serait alors un « burn in », où les professionnels travaillent alors à 70% de leurs moyens… ouch ! (Voir mes précédents billets à ce sujet).

Comment faire croître son entreprise si l’un des leviers majeurs de création de valeur, l’homme, est entravé par sa mauvaise santé ?…

Tout ce que vous venez de lire est prévisible et peut donc être évité par anticipation.

La fierté du travail bien fait est un redoutable moteur de motivation intrinsèque !
Relancez-la en interrogeant sur « comment le professionnel conçoit le bon boulot » selon son point de vue, et ce dont il aurait besoin pour y arriver. Il n’est pas forcément question d’investissement lourd en matériel pour cela, mais plutôt d’un investissment collaboratif pour comprendre.

En tant que manager, ou coach, prenez conscience que c’est dans le fait de réussir à bien faire ce qu’on a à faire, qu’est le plaisir ! Ces questions doivent être discutées, sans juger pour libérer la parole, sans écarter ceux qu’on suppose désintéressés. La question du travail, de l’activité, est puissante en management.
Faîtes au mieux, avec justesse et sans jugement, c’est vous qui tenez le cadre des échanges, qui favoriserez l’émergence des solutions et arrangements communs.

Emmanuelle PERRIER

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Classé dans Management, Psychologie

Pouvoir faire du bon boulot ne vous met-il pas de bonne humeur ?

Un indicateur de bonne santé est de rentrer satisfait de sa journée de boulot ! Les problèmes de santé professionnelle ne sont pas là où on croit qu’ils sont…
« Le travail à coeur » par Yves Clot, SNUipp-FSU 31, 1er juin 2011.

Pour aller plus loin…

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